Midjourney contre les photographes ?


Quand j’ai découvert l’existence de Midjourney et de l’IA générative il y a quelques mois, ma première réaction a été de hurler : “Mon dieu, c’est terrible, c’est la fin des illustrateurs, des graphistes, des photographes, c’est la mort de l’art, bref, en gros, c’est la fin du monde…!!!”

J’ai essayé de me ressaisir. Plutôt que de hurler devant une menace floue, je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir de plus près de quoi il retournait. J’ai essayé Midjourney. Ma première réaction a été la suivante : “Mon dieu, c’est complètement dingue, c’est génial, c’est ultra cool, c’est le jouet le plus hallucinant que j’aie jamais essayé, des possibilités créatives infinies s’offrent à nous…!!!”

Je l’avoue, j’ai un peu tendance à réagir de façon épidermique et émotionnelle, en toutes circonstances. Je le sais et j’essaie de me contrôler. Il fallait essayer de mettre un peu de nuance dans tout cela. Ça ne pouvait pas être à la fois la fin du monde et le truc le plus cool de l’histoire. Il fallait choisir. D’abord, une chose m’apparaissait clairement : des emplois dans les métiers de l’image étaient menacés par Midjourney. C’était évident. Ça ne pouvait donc pas être simplement cool. Je me sentais un peu comme les Indiens qui illustrent cet article : je voyais tout à coup débarquer des nouveaux venus qui risquaient fort de mettre le bazar (pour parler poliment). J’avais le choix : implorer les dieux de chasser ces nouveaux venus (en français moderne : râler, hurler contre le gouvernement qui laisse les méchants Américains de la Silicon Valley dominer le monde), ou apprendre leur langue pour les comprendre, éventuellement pour trouver un terrain d’entente et cohabiter. Ici et là, j’entendais dire que l’IA pouvait aussi créer des emplois. Pourquoi pas. Restait d’abord à définir quels emplois étaient menacés.

Pour commencer, simple réflexe de survie (vous me pardonnerez), je me posais la question de mon métier de photographe. Était-il menacé ? Il fallait que j’explore Midjourney en long et en large, que je le pousse dans ses retranchements, que je définisse clairement de quoi il est capable, et ce qu’il ne peut pas faire. Si possible, faire une distinction entre ce qu’il ne peut pas ENCORE faire, et ce qu’il ne pourra JAMAIS faire. C’est le seul moyen de voir à quoi les photographes peuvent encore servir dans un monde avec IA.

Une chose m’a vite semblé évidente : ce n’est pas parce que Midjourney est très balaise pour créer des images belles et réalistes qu’il peut répondre à TOUS LES BESOINS en images. Prenons un exemple simple que je connais bien : quelqu’un a besoin de jolies photos pour mettre en vente son appartement. Midjourney est-il capable de le faire ? Réponse simple : Ben non, pas le moins du monde, mais alors vraiment pas du tout. Et je ne vois pas comment il pourrait en être capable un jour. Dans le doute, je garde quand même un oeil dessus.

Voilà ce que je me propose de faire ici : rendre compte de mon exploration de Midjourney afin de définir ce qu’il peut et ne peut pas faire, et en quoi les métiers de l’image (à commencer par celui que je connais le mieux) peuvent être affectés.

La suite de mes découvertes très bientôt !

D’ici là, méditons ce proverbe navajo : “Choisis bien tes mots car ce sont eux qui créent le monde qui t’entoure”.

PS : Vous vous en doutez sûrement, l’image qui illustre cet article a été créée dans Midjourney (oui, j’ai assez peu accès à des costumes d’Indiens, à des bateaux anglais du 18ème siècle et à des paysages de ouf dans mon quotidien parisien). Personnellement, je suis assez bluffé par le résultat. MAIS, ça n’a pas été aussi simple qu’on l’entend souvent : il ne m’a pas suffi d’écrire la bonne formule, le bon “prompt” (ce qui prend déjà du temps) pour obtenir cette image toute crue. Il a fallu que je retrousse mes manches de photographe et de retoucheur. Sans ma connaissance de la perspective, de la composition, de la lumière et de Photoshop, je n’aurais jamais réussi à créer cette image. Ce sont déjà de premières indications. Plus de précisions là dessus dans le prochain article : “Examinons de plus près quelques idées reçues sur Midjourney et l’IA générative”.

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